L'ORGUE DE NOTRE DAME DU FORT -

 

 

 

L'intérêt de l'orgue de la collégiale Notre Dame d'Etampes réside dans une remarquable proportion de tuyauterie de la fin du XVIè siècle.

En effet, le dessus de la montre, le prestant, la doublette et la cymbale du grand-orgue présentent des caractéristiques indentiques.

Les jeux en étain de Cornouailles, ont des bouches basses et étroites, des écusson triangulaires, entourés de traces de rouge importantes.

Le nazard du grand-orgue (corps en étain et pieds en plomb) ainsi que le cornet (en plomb) de ce même clavier, témoignent d'une facture un peu différente, mais également très ancienne.

L'hypothèse de la récupération d'une partie de la tuyauterie appartenant à l'orgue précédent (détruit en 1562 lors du sac de la collégiale) pourrait peut-être expliquer cet état de fait.

PREMIER CLAVIER

48 Notes

sans premier Ut dièze

  MONTRE
BOURDON 8
PRESTANT
FLUTE D'ALLEMANS
NAZARD (basse et dessus)
DOUBLETTE 2 (basse et dessus)
TIERCE (basse et dessus)
FOURNITURE II
CYMBALE III
TROMPETTE (basse et dessus)
CROMORNE 8
VOIX HUMAINE (Basse et dessus)
CORNET 5 rangs

DEUXIEME CLAVIER

32 notes

  BOURDON 8
  PRESTANT 4
  CORNET 3 RANGS
  VOIX HUMAINE

Pédale en tirasse

du premier clavier

 

Tremblant général

tempérament mésotonique ( 8 tierces pures)

 

 

 

 

 

REPARATION ET AGRANDISSEMENT PAR FRANOIS THIERRY  EN 1708 :

Un document essentiel a été découvert en février 2008 et aimablement transmis par Pascal HEBERT et Frédéric GATINEAU :

Il s'agit d'un acte notarié, daté de 1708, conservé aux Archives Départementales de l'Essonne et qui décrit les travaux de réparation et d'augmentation effectués par le facteur d'orgues parisien François THIERRY (1677-1749).

Ce document énumère d'abord la réparation de l'orgue à un clavier :

" Démonter entièrement la montre en vingt neuf thuyaux pour les nestoyer et repolir en visitant les défectueux pour les rétablir comme sera dit...démonter le bourdon pour la réparation qui y conviendra... idem le prestant pour le nestoyer et le rétablir... démonter pareillement et aux /mêmes fins le grand cornet...idem la flûste grave, la mettre d'accord et faire ce qui convient... idem le nazard, la doublette, la tierce, le flageolet... qu'il fault nestoyer ensemble...pareillement la fourniture et la cymbale qu'il fault aussi nestoyer... comme la trompette à laquelle manquent beaucoup de thuyaux... à la voix humaine manque les languettes qu'il fault rétablir pour la rendre égale et harmonieuse... idem nettoyer... les abrégés pour les rendre libres à toucher comme aussi les pesdalles auxquelles manquent des vergettes... faire de neuf un tremblan doux"

La deuxième partie du document décrit l'augmentation de l'orgue:

"Et pour l'augmentation savoir faire deux claviers à neuf l'un au cornet d'écho et l'autre au grand orgue auquel cornet d'écho il fault un sommier neuf de bois de chesne...lequel sera disposé pour recevoir un bourdon, un prestant, un nazard, tierce"

Nous pouvons donc établir la composition de l'orgue après les travaux de François THIERRY en 1708:

GRAND ORGUE:

Montre, bourdon, flûte grave, prestant, doublette, nazard, tierce, flageolet, fourniture, cymbale, grand cornet, trompette, voix humaine.

ECHO:

Bourdon, prestant, nazard, doublette, tierce, tremblant doux et pédalier (en tirasse)

 

 

INVENTAIRE DE  1790 :

Les archives départementales de l'Essonne abritent un inventaire des biens de la collégiale d'Etampes et l'on y trouve la description de l'orgue:

"Premièrement une tribune et son buffet de goût antique. Ledit buffet composé de trois soufflets, deux tremblans, un doux et un fort, un sommier d'écho, dans le bas du dit buffet, un clavier séparé ayant trois jeux, savoir, un bourdon, une tierce et un nazard 

Un grand sommier et son clavier composé de douze jeux, savoir, une montre de huit pieds ouverts, un grand cornet de cinq tuyaux sur marche, posé derrière la montre, un bourdon de quatre pieds, bouché, un prestant de quatre pieds ouverts, une flûte de deux pieds, bouchée, une doublette de deux pieds ouverte, une tierce, un nazard, une fourniture, une cymbale, une trompette, un cromorne"

 

 

 

1826: Relevage par Louis-Paul DALLERY

 

Après qu'un premier devis de relevage eût été proposé en 1824 par Monsieur MICHAU architecte de la ville, c'est le devis de Louis Paul DALLERY qui sera retenu.

Ce relevage ne modifie pas l'instrument si ce n'est par l'ajout d'un jeu de clairon au grand-orgue.

Les travaux sont réceptionnés le dix neuf mars 1827 par François MENONVILLE, ancien organiste de la cathédrale d'Orléans, demeurant à Etampes (Archives départementales)

 

1844: travaux par Antoine-Louis SURET :

 

Nous n'avons malheureusement pas trouvé de devis concernant ces travaux de 1844.

Par contre, le registre du Conseil de Fabrique de la paroisse Notre-Dame relate que le 7 janvier 1844, " la réparation de l'orgue, commencée en mars dernier par Monsieur SURET touche à sa fin" et que "la détérioration si malheureuse de l'orgue n'a été causée que par la poussière, la pluie et les brouillards auxquels l'édifice a été en proie pendant les travaux qui l'ont laissé découvert pendant dix mois"

les travaux seront réceptionnés le 18 mars 1844 par l'organiste Vincent MARECHAL qui se montre extrêmement satisfait du travail de Louis SURET.

Mais en quoi ont consisté ces travaux ?

Deux échanges de courriers mentionnent la réfection de la façade ( 31 tuyaux de montre) et le remplacement des trois soufflets cunéiformes par une nouvelle soufflerie (à plis parallèles et actionnée par les pieds)

D'autre part, l'examen de l'orgue au début des années 1980 laissait entrevoir, malgré son mauvais état que:

- Le bourdon et la flûte de huit pieds du grand-orgue étaient caractéristiques de la facture de SURET, ainsi que quelques tuyaux restant au clavier d'écho.

- La tierce et le flageolet du grand orgue avaient disparu.

- Une gambe avait été fabriquée en utilisant des tuyaux - récupérables - de la fourniture du grand orgue.

 

 

 

Composition de l'orgue entre deux guerres:

Félix RAUGEL donne la composition de l'orgue qu'il a trouvé, dans l'ouvrage "Les buffets d'orgue de Seine et Oise"

GRAND ORGUE: 48 Notes, UT1 à UT5 sans premier Ut dièze

Montre 8, Gambe, Voix céleste, Flûte 8, prestant, basse et dessus de doublette, basse et dessus de Nazard, Cymbale, Grand Cornet 5 rangs, cromorne, basse et dessus de Trompette 8, basse et dessus de Clairon 4.

ECHO: 32 notes, Fa 2 - Ut 5

Bourdon, Prestant, Cornet III, Haubois

Pédale en tirasse de deux octaves

La voix céleste fut rajoutée vers 1925 sur les conseils de Joseph BONNET.

 

 

RENDRE A CESAR....

Il y a eu, concernant l'inventaire de 1790, confusion entre deux documents d'archives.

Les études, même récentes, concernant l'orgue de la collégiale d'Etampes mentionnent un inventaire décrivant un orgue à un clavier avec un buffet bleu et or, dont la composition est proche de celle de l'instrument qui nous occupe.

Cet orgue, aujourd'hui disparu, était celui de l'église de la Congrégation Notre Dame, sise près de l'église Saint GILLES et du stade du Filoir.

La méconnaisance des documents récemment retrouvés et cette confusion entre deux églises, dont une a disparu, explique que l'on ait attribué SURET des travaux d'agrandissement de l'orgue qui ont été réalisés par François THIERRY en 1708.

 

L'orgue de Notre-Dame sera restauré à partir de 1992 par Bertrand CATTIAUX et Jean-Loup BOISSEAU. il sera inauguré en 1998 avec trois concerts données respectivement par Jean BOYER, Xavier EUSTACHE organiste titulaire et Jean-Paul SERRA.

 

 

Xavier EUSTACHE,

 

Titulaire des orgues des églises d'Étampes, professeur d'orgue au CRD Paris-Saclay,

professeur d'orgue au conservatoire (CRI) de la Communauté d'Agglomération de l'Etampois Sud-Essonne.

 

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